Premier opus : Le Marteau, les Fils et la Reine

Reken : Un bras ou une jambe?

Vanyel : Je sais pas si ils le prendront bien, qu'on leur ramène de la viande froide... Un morceau de quelque chose avec des traces de brûlure, pourquoi pas. Et puis après tout, Salton'had n'est pas loin, il faudrait qu'ils viennent vérifier par eux-mêmes, mais ils ne nous croiront pas sur parole.
Zan : Faudrait un moyen de leur montrer la scène. Comme une photo...
Vanyel : Quelqu'un aurait un appareil rare et cher qui permettrait de faire ça ? Plus sérieusement, on devrait tous aller se coucher, retourner au village, et on avisera demain matin.

Zrakhen : Il vaudrait mieux qu'on reste tous dans la même pièce, au cas ou ils reviendraient.

Ils se décidèrent là-dessus. Après quoi, Vanyel partit chercher des trucs et des machins pour faire office de couvertures, accompagné de Zan. Ils poussèrent de côté les tables, puis installèrent leur barda dans l'espace ainsi aménagé."C'est pas comme si ils allaient encore en avoir besoin", prétexta Zan, en empilant des restes de civilisation pour faire un petit feu. Vanyel, quant à lui, déplaça quelques meubles afin de bloquer la porte, on ne sait jamais.

Vanyel : Voilà ! Personne n'entre depuis l'extérieur.
Zan : En même temps t'as déjà essayé d'entrer depuis l'intérieur ?
Vanyel : */ignore* Installez-vous. La nuit sera courte, une fois encore...

(vous me dites si je peux passer !)

( vu qu'il ne manque que l'avis de Reken, je passe ! )
( pavay en vue )

Et la nuit passa effectivement vite. Huit heures du matin, et déjà Vanyel et Zan s'appropriaient le droit de réveiller les membres du groupe qui roupillaient encore. À première vue bonne nouvelle, la barricade était encore là, et rien ne semblait avoir attaqué. Rien ne bougeait, aucun bruit suspect... Une ville morte, pour sûr. Si certains se levaient en maugréant, tous savaient qu'il fallait vite décamper, aussi les affaires ne traînèrent pas longtemps. Ils se mirent à plusieurs pour dégager la sortie, puis firent face à la chaleur déjà montante de ce coin des terres désolées. Après vérification de l'absence de danger, ils se dirigèrent vers Salton'had, qu'ils atteignirent sans encombre, une petite demi-heure plus tard. Vanyel fut soulagé de constater que la ville était, comme d'habitude, bourdonnante d'agitation. Deux miliciens montaient la garde, imperturbables. Lorsque le petit groupe arriva a une vingtaine de mètres des barrières, les gardes commencèrent à s'agiter. L'un des deux resta en place, fusil à la main, tandis que le deuxième partait... chercher ses collègues. Le garde resté en faction adressa un signe de salutations au groupe, que Vanyel lui rendit.

Vanyel : Shàr, Varuk ! Nous revoilà ! Prépare l'accueil triomphant pour les héros, s'il te plaît.
Varuk : *avec un regard un peu étonné* Shàr-tal, Vanyel. Déjà de retour ? J'vois pas Matek et les autres avec toi. Salut Zan, alors, dessaoulé ?
Zan : Ouais ben ça va hein.
Vanyel : On... On les a pas retrouvés. Pas la moindre trace. Par contre, on a des nouvelles importantes, tu nous laisses rentrer s'il te plaît copain ?
Varuk : Ouais. Fais gaffe à Divor par contre, il est devenu carrément imbuvable, encore pire que l'aut' soir à la taverne. Et il avait bien dit qu'il voulait pas que tu reviennes sans résultats.
Vanyel : Je vais m'expliquer avec les garde, et si le sieur bidoche est pas content, je m'expliquerais bien avec lui.
Varuk : Ah, attend une seconde, avant de passer, aucun de vous n'est blessé ?
Vanyel : Non je crois pas.
Varuk : J'te fais confiance.
Zan : Rah non, pas encore ces foutues épidémies... Bon, au moins on sera à l'abri là-d'dans.

Là-dessus, trois autres gardes débarquèrent, armés de gadgets bidulotroniques disons... étranges. Varuk leur indiqua que finalement, pas besoin de faire les tests de dépistage, et qu'il se portait garant de la bonne santé de ces voyageurs-là. Vanyel fit un signe de la main aux gardes, qui s'excusèrent en le reconnaissant. Varuk fut relevé, et accompagna le groupe un petit moment.

Vanyel : Quoi de neuf ici ?
Varuk : Le ballet habituel... Des arrivées, des départs, les marchands se frottent les mains. On trouve tout ce peuple dans la taverne, si tu as des renseignements à leur demander. Après tout, ils viennent des terres désolées, ils auront p'têtre vu les autres. On s'attendait pas à vous voir revenir en tout cas. Ou pas aussi vite.
Vanyel : Eh oui que veux-tu, c'est comme la mauvaise herbe, on s'en débarrasse pas facilement.
Varuk : Vous n'avez vraiment rien trouvé ? J'espère que vous avez des trucs à apprendre à Divor, sinon il va vous peler vivants.
Zan : Oh ça va, un jour de plus un jour de moins...
Vanyel : On a des trucs à lui dire, t'en fais pas.
Varuk : Ah, maintenant que j'y pense, y a un genre d'elfe qu'est arrivé à pied hier, un spécimen intéressant ce gars-là. J'me disais que tu voudrais peut-être le voir, il est à la taverne. Je crois qu'il s'appelle Maek, ou quelque chose comme ça.
Vanyel : Tu trouves qu'on est pas assez d'oreilles pointues ?
Varuk : J'ai jamais dit qu'il voulait rejoindre votre.. "aventure". Mais ce type a un discours bizarre. Peut-être que ça t'aidera dans ta chasse.
Vanyel : D'abord, Divor, après la taverne. Peut-être.

Varuk hocha la tête solennellement, puis salua et partit vaquer à ses occupations. Après un peu de marche au milieu de la foule criarde, ils arrivèrent à l'hôtel de ville, expliquèrent les raisons de leur visite aux gardes personnels -étrangement mieux armés que les gardes de la ville- de Divor, puis entrèrent, après quelques négociations houleuses. Le bureau du chef était plutôt bien aménagé pour les moyens locaux : bureau en bois quasiment intact, fenêtres colmatées à peine une ou deux fois, fauteuils de ministres dont le rembourrage laissait certes un peu à désirer, une authentique fontaine à eau, et pour clore ce tableau, un air qui empestait le cigare. Le responsable du lieu était actuellement assis face à son bureau, affairé à s'éponger le front avec une épave de mouchoir en tissu. Levant la tête de ses paperasses, il aperçut le groupe, qu'il n'avait manifestement pas entendu entrer.

Divor : Vanyel !
Vanyel : Divor.
Zan : 'chanté.
Divor : *manifestement pas amusé du tout* Je croyais t'avoir donné des ordres, où sont mes précieux gardes ?
Vanyel : En bas, en train d'astiquer leurs lances-bastos derniers cris pendant que les terres désolées crèvent autour de ton nombril.

Zan serra les dents, reconnaissant là toute la subtilité de Vanyel. L'explosion se fit sentir, alors que Divor prenait une vilaine couleur cramoisie, tout en mâchonnant son mégot de cigare.

Divor : Imbécile, je te parle de ceux que je t'ai envoyé chercher !
Vanye : Pas trouvé, mais vraisemblablement morts, pas la peine d'envoyer une autre équipe. Et avant que tu cries, j'ai appris des trucs, je ne reviens pas complètement les mains vides. Tu aurais une carte ?
Divor : De la région ? J'en ai toujours une sur mon bureau.
Vanyel : *sort un petit stylo de sa sacoche et lui lance* Tiens, tu peux rayer Nihor de la carte. Au revoir, Nihor !
Divor : Comment... Qu'est-ce... Quoi ? Expliques-toi, Vanyel...
Vanyel : C'est pas facile à dire, et je pense que ça l'est pas non plus à croire. Désolé Divor, mais on y est allés pour voir si nos gars y étaient, et on a pas trouvé plus de gardes que de beurre en broche. Ni de villageois, d'ailleurs. Toute la zone a été passée au crame-tifs, et pas des petits calibres.
Zan : Enzybéon 803-B, d'après les traces.
Vanyel : Le bordel partout, des parcelles de sol cramées, et des cadavres entassés dans un silo. Surtout des enfants et des vieillards. Toute la population y est passée. On savait pas ce qu'il était advenu des hommes et des femmes, mais on a pas tardé à les trouver.
Zan : Le problème c'est qu'ils ont été emmenés par des bandits qui ont du les trouver après le massacre, en s'disant que c'était des proies faciles. Alors paf, tous trainés dans un p'tit camp, un peu au Nord. On a eu du bol, on s'est direct dirigés vers là-bas. On les a trouvés, les esclaves, mais vu c'qu'y-z-ont fait aux bandits, y a quelque chose qu'a du sauter dans le ciboulot. Ils les ont étalé à mains nues, avant d'les bouffer. Avant qu'ça arrive, on a pu leur poser des questions, ils parlaient de trucs bizarres, aucun sens, des malades ces types.
Vanyel : On est revenus pour vous prévenir d'augmenter la garde. Quelque chose traîne dans le coin, ça détruit les villages, et ça rend les gens malades. J'ai bien réussi à en tirer quelques renseignements avant qu'il devienne complètement instable, mais il valait mieux pas traîner après ça...
Divor : *prend sa tête dans ses mains, comme s'il voulait ne plus les entendre* Qu'est-ce qu'ils ont dit ?
Vanyel : Des trucs bizarres. Ils parlaient "d'hommes vides", qui emmèneraient des gens. Ils cracheraient du feu aussi.
Zan : J'ai bien cru qu'y z'allaient nous attaquer moi, cette bande de malades...
Divor : Charabia de dément. Le nombre de réfugiés a augmenté... Je vais faire augmenter la surveillance, mais je vais avoir besoin de preuves.
Vanyel : Et pour les gardes ?
Divor : Les gardes sont bien le cadet de nos soucis à présent, prenez un réfugié, collez-lui une arme entre les mains, et il sera garde !
Vanyel : D'accord, le message est passé.
Divor : Alors, ces preuves ?
Vanyel : Merde, j'allais pas ramener des cadavres décorés au laser !
Divor : *se tournant vers le reste du groupe* L'un d'entre vous aurait-il quelque chose à rajouter ?

Plutôt effrayée par le personnage en face d'eux, Savid s'empressa de sortir la lame qu'elle avait trouvé et la luit tendit.

Sav' : J'ai trouvé ceci dans l'hotel de ville. Tout avait été mis par terre et les murs portaient des traces similaires de brûlures, de la même arme dont Zan a parlé. La lame n'est que décorative mais on sait qu'ils ont essayé de se débattre... *Recule après avoir parlé, se faisant petite.*

Malgré la taille plutôt encombrante de ses mains, Divor manipulait la lame précautionneusement. Une ombre de quasi-tristesse sembla passer sur son visage.

Divor : Le monde est petit, n'est-ce pas ? Cette lame appartient au dirigeant de Nihor, un vieil ami, très dur en affaire. Mais je pense que je dois dire "appartenait", maintenant. Félicitations, c'est bien des marques de lasers. Je ne peux pas vous dire que je vous crois sur parole. J'enverrais une équipe sur place.
Vanyel : C'est pourtant pas dans mes habitudes de mentir. Les "esclaves" n'étaient pas enchaînés d'une quelconque manière, et portaient aussi ces traces de lasers. On a fouillé le camp des esclavagistes, aucune arme de ce genre là. Ils avaient un équipement même plutôt inférieur au nôtre.
Divor : En plus de ça, la Gregoria refait surface. On doit surveiller les arrivants, et s'assurer qu'aucun ne porte la maladie. ça n'arrange pas vraiment la situation.
Zan : Faudra aussi vérifier qu'y soient pas trop disjonctés, maintenant...
Vanyel : Je me suis dit qu'il fallait revenir pour vous prévenir. Attendez vous à voir des types bizarres arriver, on est jamais trop prudents.
Divor : *tenant la lame par la pointe, la tend à Savid* Tenez, gardez-là, elle vous sera plus utile qu'accrochée à un mur. Quant à vous tous, vous devriez rester ensemble, et continuer à chercher. Laissez tomber les gardes, mais par contre je veux savoir ce qui rôde près de mes terres. Il en va du bien de mon peuple.
Vanyel : Mais pas vraiment du mien... Varuk m'a parlé d'un type bizarre qui se serait installé dans la taverne, un certain Maek. T'as des infos sur lui ?
Divor : *se gratte le menton* Il s'est présenté comme un "représentant d'une communauté". Il tient des discours de prédicateur tous les jours depuis son arrivée, Ruggu commence à penser à lui faire payer un loyer. Mais apparemment Varuk a eu le nez fin sur ce coup-là, puisque vous vous lancez sur la piste des choses bizarres.
Vanyel : Je ne vois pas le rapport.
Divor : Une ville est rasée, des habitants sont rendus fous par on ne sait quoi, et un type encapuchonné débarque tout seul, sans armes et à pied, le même jour, puis tient des discours de fêlé à qui veut bien les entendre ? Si tu n'es pas intéressé, moi je le suis. Alors votre prochaine mission est toute trouvée : vous allez vous y rendre, quitte à boire un coup, et apprendre ses intentions. Et je ne veux pas de débordements, on a pas besoin de panique.
Vanyel : Mouais. Ça me paraît correct...

Sav' : *Récupéré la lame et la range sans rien dire.*

Zrakhen : Serait-il possible d'avoir un peu d'argent, c'est que j'en ai besoin pour vivre vous voyez ?

Divor : Ruggu est au courant, et les marchands le seront bientôt, je couvre vos dépenses tant que vous restez dans la ville, mais vos achats seront... surveillés, en quelque sorte. On verra pour la récompense lorsque vous aurez découvert quelque chose. Si vous comptez partir et faire votre vie, je peux vous octroyer une récompense, mais elle sera moindre.

Zrakhen : La première proposition me convient, je n'ai pas prévu de quitter la ville pour le moment.

Reken : Euh... Eh bien j'en serais alors, je suppose, si vous avez besoin de moi... Enfin pas que je me considère indispensable mais si vous voulez, je peux tout de même faire quelques trucs intéressants, mais euh... Enfin... Et c'est payé? Ah oui, c'est vrai. Enfin, moi je suis prêt à repartir quand vous voulez.

Aucun membre du groupe n'ayant quelque chose à ajouter, ils empruntèrent sans plus discuter le chemin de la sortie, pour se rendre à la taverne. Leur entrée fut saluée par Ruggu, qui... Qui semblait en effet exténué par quelque chose. À l'heure qu'il était (à peu près 9h47), il n'y avait pas grand-monde, excepté quelques piliers de bar.

Vanyel, claquant la porte de tôle : Alors les poivrots, déjà au tords boyaux, en pleine matinée ? Vos femmes en ont eu assez de vous ?
Zan : Fais serrer le cafés Ruggu, y en a qu'en ont besoin !
Ruggu : Bah si c'est pas Vanyel et Zan ! Et leurs potes aussi. On dirait que v'z'êtes tous là !
Vanyel : Il paraît que tu te lèves au chant du prédicateur ?
Ruggu : Ouais... Un type bizarre. Longues zoreilles comme vous. Mais plus bleu... violet... Quequ'chose comme ça. Y doit être quequ' part dans la taverne, ou au premier.
Vanyel : Tu fais auberge maintenant ?
Ruggu : Y m'payes plutôt bien pour pouvoir dormir ici, alors... On dirait un d'ces richards qui ont trop d'argent pour le compter.
Vanyel : Je vois.
Ruggu : Ce type il est pas net, on raconte qu'y s'rait arrivé tout seul, à pied, et sans armes ! Y porte seulement un genre de robe un peu crasseuse.

Ruggu servit une tournée de cafés -des ersatz, mais c'était mieux que rien...- à la ronde, tandis que Zan cherchait des yeux un type correspondant à la description de Ruggu. Une minute plus tard, il tira sur la manche de la veste de Vanyel, puis lui indiqua d'un mouvement de la tête une table du fond, derrière laquelle était assis un type dont la peau était d'une étrange teinte bleuâtre. La capuche de la robe dont avait parlé Ruggu était déformée par de longues oreilles recourbées en arrière. Il buvait un verre de quelque chose, de loin on aurait dit une sorte de liqueur. Vanyel grimaça. Dès le matin ? L'homme ne faisait rien d'autre à part ça. Comme affirmé plusieurs fois, il ne portait pas d'armes. Mais par contre, il ne parlait pas. Il était simplement assis, sirotant son breuvage, un peu comme si il attendait quelqu'un. Son regard n'était pas dirigé vers le groupe.

Zan : On fait quoi ? On va le faire jacter un peu ?
Ruggu : Rah pitié nan, pour une fois qu'il est pas en train de délirer...
Vanyel : Hm... *pose sa tasse sur le comptoir* Tu les as entendus, ses discours ? Il parlait de quoi ?
Ruggu : Boah moi tu sais, les citadins... Quand y a du monde, y se lève, y se met sur une caisse et pis il cause, quasiment en gueulant même. Des trucs compliqués, que la moitié des clients comprennent pas. Y cause de trucs bizarres, comme quoi y aurait du "sang divin" quequ'part, des monstres (mais ça il est pas l'premier a l'voir)... Il a aussi parlé de... il avait dit quoi déjà... Ah ouais, des "gens absents".
Vanyel : Absents comme... Y a personne ?
Ruggu : J'sais pas, je suis pas allé y demander si y pouvait me traduire.
Zan : Tu m'as pas répondu, Van, on va le faire causer le monsieur ou pas ?
Vanyel : Non, il est peut-être dangereux, ou alors il aura peur et il ne voudra plus parler. Vaut mieux attendre qu'il commence ses discours...
Ruggu : Y aura pas grand-monde avant midi...
Vanyel : Alors on reste jusqu'à midi. Divor veut des informations sur ce type.
Ruggu : D'accord alors...

Une heure passa... Certains s'ennuyaient profondément, d'autres avaient décidé de discuter un peu entre eux, d'autres encore jouaient aux cartes avec des habitués... Midi finit par sonner, enfin, ce fut midi quoi. Comme de bien entendu, car on ne change pas les choses qui fonctionnent bien, ah mais, arrivèrent alors au compte-gouttes toute sorte de personnes : les gardes qui faisaient leur pause, les lève-tard qui se réveillaient à peine, les marchands qui venaient fêter leurs ventes, et bien sûr toutes sortes de réfugiés de terres plus ou moins lointaines, se caractérisant par une tenue plus ou moins miteuse, par exemple. Ruggu s'agitait, commençant à être débordé. Le groupe partit s'installer à une table décidée comme étant à l'endroit parfait pour voir et entendre le spectacle. Le prélat, justement, cessa d'attendre les bras croisés, et tout se passa comme le tavernier l'avait expliqué : Il se dégage de derrière sa table, pose une caisse au sol, monte dessus, se tient droit comme un I, puis attire l'attention de la foule, au moyen d'une sorte de crécelle fort désagréable. Presque aussitôt, tous les gens présents, ainsi que le groupe firent silence pour écouter ce que ce curieux bonhomme avait à dire. Il abaissa sa capuche, dévoilant un visage pas très agréable. Certes, il restait un elfe de la nuit, mais sa peau était partiellement brûlée, quand elle n'était pas constellée de petites cicatrices. Il semblait aveugle, ce qui ne se remarquait pas dans ses gestes. Plusieurs clients parurent ennuyés, ayant apparemment subi les harangues du prêtre auparavant, mais ils étaient minoritaires. Quand le silence fut complet, il promena son "regard" tout autour de lui, un air satisfait sur le visage, puis parla ainsi :

Prélat : Ces ouailles seraient donc plus nombreuses que les précédentes fois ? Mes sentences auraient donc porté leur fruit, foule profane ?

La foule renâcle un peu. Ce type parle avec un vocabulaire qui ne leur revient pas, et il promet d'être un peu envahissant. Mais déjà il s'emporte dans ce qu'il dit, et vous rappelle fortement l'esclave aux yeux déments qui assénaient ses paroles insensées, un peu plus tôt.

Prélat : Car vous êtes TOUS enfants des DIEUUX ! Je dis DES, car le culte du Dieu Unique est MORT ! Seuls les vrais dieux méritent notre vénération, et malheur à qui bafoue leur existence !
Badaud : Qu'est-ce y raconte ?
Passant : Encore un illuminé qui croit à ses amis imaginaires...
Prélat, continuant son discours : Oui, pauvres fous, perdus dans vos instincts de survie, vous avez oublié la gloire des DIEUUUX, vous avez oublié leurs BIENFAITS ! Ils se sont donnés pour nos peuples, pour notre SURVIE ! Si vous ne savez pas qu'ils sont bien présents, vous devez bien être de pauvres aveugles ! Car je les vois ! Mon regard porte bien plus loin que vous ne le pensez, pauvres égarés ! Ils vous ont mis dans le crâne, il y a des MILLÉNAIRES de cela que les dieux étaient morts, mais ils ne peuvent mourir ! Ils ont disparu, mais ont laissé leur marque parmi vous ! *mouvement dans la foule, chuchotements* Oui, peuples mortels, les dieux MARCHENT en ce moment MÊME sur ce monde ! Ils sont partis, mais leur héritage reste bien présent parmi nous ! Les anciens cultes seront RECONSTRUITS ! Les fidèles seront plus nombreux encore qu'en cet âge d'or, et plus PUISSANTS que vous ne pourriez jamais espérer l'être ! Pensez-y, mes amis, rejoindre les rangs de notre ordre divin n'est pas un acte dénué de sens, vous ferez revenir la PAIX sur ces terres, la RICHESSE pour vos proches, et la bénédiction des Anciens Dieux vous sera accordée ! L’IMMORTALITÉ, pensez-y ! Je les sens, en CE MOMENT MÊME, leurs fils sont parmi nous ! Ils sont partout, aussi innombrables que les grains de sable dans le désert !

La foule se clairsemait : Quelques personnes commencent à sortir de la taverne, lassées ou effrayées par ce type vraisemblablement fou. D'autres clients discutaient de la probabilité que ce qu'il dise soit vrai, aussitôt remballés par quelqu'un qui leur riait au nez, leur disant que ce n'était là que des salades de bonne femme. Si ces "cultes" étaient disparus, que gagnerait-on à les faire revenir ? Quelques personnes semblaient indécises, comme si elles avaient eu envie de croire à ces beaux discours, mais que les conventions actuelles les en empêchait. Où se positionnent alors les membres du groupe ? Vanyel, en tout cas, écoutait avec curiosité ce que cet elfe avait à dire, mais d'un air amusé, bien déterminé à penser qu'il racontait un peu n'importe quoi. Quant à Zan, il... Il n'avait pas l'air d'en avoir quoi que ce soit à faire, et avait hâte que ce type veuille bien arrêter de s’époumoner.

Zrakhen écoutait en fumant dans un coin de la taverne, et avait l'air de prendre ce prélat pour un fou. Il alla ensuite se rapprocher de Vanyel.

Zrakhen *bas à Vanyel* : On le chope et on l'interroge dans un endroit à l’abri des regards ?

Reken avait disparu du groupe et se trouvait à présent à côté du prélat, opérant le combo "Tire-manche/Interpellation".
Reen : Monsieur? Monsieur?

Ce qu'il restait de la foule retint son souffle. Pour un moment, le type arrêta son discours, se pencha à la hauteur de Reken, et sembla le toiser. Dans le fond de son âââme. Reken se sentit d'ailleurs un peu mal à l'aise, peut-être du au fait que le type avait l'air peu commode de celui qui vient de se faire interrompre. Il finit par daigner lui répondre, toujours à 10 centimètres de son visage.

Prélat : QUI PERMET À CE MORTEL INDIGNE D'INTERROMPRE LA PAROLE DES DIEUX ?!

La voix de Vanyel se fit entendre un peu plus loin, quelque chose à propos "d'éviter les débordements". S'ensuivit un "mais c'est pas vrai, quelle andouille !" aimablement lâché par Zan.

Reken : Euh, personne l'a interdit. Mais en fait, c'est surtout que j'trouve ce que vous dites intéressant. On pourrait en discuter? Si ça vous embête pas?

Prélat : Écoutez-le, foule aveugle, il est le seul à avoir un peu de SENS, parmi vous ! *pose des mains désagréables sur les épaules (basses) de Reken, et le secoue légèrement* Vous êtes-vous enfin décidé à vous ouvrir à la VÉRITÉ ? *crache-t-il, dans son enthousiasme*

Les gens autour commençaient à vaquer à leurs occupations, trop contents de se soustraire à ce sermon, et maintenant persuadés que ce type n'était pas dangereux, mais tout simplement fou à lier. Vanyel profita de l'écartement de la foule pour se rapprocher de Reken et du prélat.

Vanyel : Reken, on t'avait même pas vu partir, préviens la prochaine fois. *lève les yeux vers le visage de Maek, le prélat, qui semble le regarder de tous ses yeux laiteux* Bonjour ? ... Quelque chose ne va pas, peut-être ?
Maek : Vous aussi, vous venez écouter la VÉRITÉ ?!
Vanyel : ... Euh, ouais, on a qu'à dire ça comme ça. Vous voulez bien venir avec nous ? On est juste...
Maek : À la table du fond ? Je le sais, je le vois ! Je vois tout, seigneur ! Je vois aussi les raisons de votre venue ici !
Vanyel : ... Vous voulez bien venir ou pas ? Un verre peut-être ?
Maek : Si cela peut vous aider à recevoir la BONNE PAROLE, alors pourquoi pas.

Le petit groupe se dirigea à nouveau vers la table où les autres étaient restés. Zan lança un regard à Vanyel, genre "t'aurais pu laisser ça ou tu l'as trouvé". Vanyel retourna s'assoir, ne se souciant pas de trouver un siège pour Maek. Il vérifia que la foule s'était bien dispersée, et emplit à nouveau son verre, attendant les réactions des autres.

Reken : .... ... *montre trois doigts à Maek* Vous voyez tout? Alors combien j'ai de doigts?!

Maek : *prend un air très sérieux* TROIS. Et vous en cachez sept autres, cinq par main, et je compte le bout de phalange qu'il vous manque suite à ce tragique accident de robot-ménager que vous avez bricolé vous-même alors que vous aviez à peine trois ans. Pouvez-vous me proposer une chaise, à présent, que je puisse vous parler de tout cela plus avant ? Et maintenant vous allez sortir une chaise pliable de votre sac.
Zan : ... Kececé ?
Vanyel : Bon, d'accord, va falloir qu'on s'explique, asseyez-vous.
Maek : Ah, vous ne vous embêtez pas avec les détails, vous, tout comme votre père.
Vanyel : ... De quoi ?
Maek : Si vous êtes disposé à entendre ce que le Culte des Anciens Dieux a à vous dire, alors je serais votre guide.